dimanche 1 novembre 2009

Exister et se vendre sur internet*


« Les deux choses les plus importantes n’apparaissent pas
au bilan de l’entreprise : sa réputation et ses hommes ».

Henry Ford


Désormais les trésors du Web 2.0 et au-delà (blogs, réseaux sociaux et wikis notamment mais pas seulement) permettent un positionnement stratégique et une gestion efficiente de la marque appliquée à l’individu. Cultiver, gérer et développer son identité virtuelle devient un allié de taille dans la gestion de sa vie virtuelle, de son projet politique et plus généralement de sa carrière. Ainsi réussir son identité numérique dans la guerre économique des marques et se bâtir une bonne e-réputation ne s’improvise pas. Cela relève d’une démarche stratégique reposant sur un mélange de marketing, de communication, de relations publiques et de management de marque qui doivent être combinés efficacement. Pour y parvenir certains font du « Personal Branding » sans le savoir ou se font assister par un Spin Doctor afin de passer à la vitesse supérieure et exister sur Internet.

Les études et sondages d’opinion se succèdent et s’accordent à prouver l’influence du web communautaire sur la perception des leaders d’opinion, des entreprises et sur les comportements de consommation. Ainsi depuis quelques années, un certain nombre d’acteurs se sont positionnés sur le business émergeant de la gestion du « référencement humain » et de la réputation sur Internet, initialement occupé par des agences et cabinets spécialisés dans la veille d’opinion et la gestion de communautés d’internautes depuis les balbutiements du web 2.0.




E-réputation et Identité Numérique

On appelle e-réputation « Manière dont quelqu’un, quelque chose est considéré sur Internet » ou plus précisément des « opinions favorables ou défavorables, pouvant prendre en quelques heures une ampleur considérable et conditionner pour longtemps le succès ou l’échec d’une entreprise ». On parle aussi de cyber-réputation ou réputation numérique.
Regard des autres, la réputation est d’abord un jugement, et personne n’échappe à sa réputation. Lorsqu’elle s’inscrit dans la culture du moment, c’est la porte ouverte à la gloire ; sinon, c’est la traversée du désert.

L’e-réputation est presque devenue une discipline scientifique avec sa démarche et ses méthodes. Aujourd’hui la maitrise de son identité numérique se mesure, se corrige et se soigne. Plusieurs cadres et dirigeants soucieux de leurs réputations, investissent des sommes importantes pour peaufiner leur image sur Internet.Chez eux c’est le Personal Branding. Le Personal Branding permet de comprendre et de mettre en valeur ce que l’on est capable de faire et de mieux communiquer sur ce qu’on peut apporter aux entreprises : compétences, expertises, expériences, savoir-faire, savoir être,…. Sur Internet, le Personal Branding correspond à des outils et des méthodes pour gérer son identité et sa réputation numériques et résoudre les questions du genre ; comment l’absence d’identité ou de réputation numériques peut impacter votre carrière ? Comment ces outils peuvent influencer positivement la confiance au sein des entreprises dans le cadre des réseaux sociaux en prolifération comme facebook, Twitter, Viadéo, Ziki et autres ?

"Public Branding", Corporate branding.

Pour les personnages publics, qu’ils appartiennent au monde de la politique, des affaires, du spectacle ou du sport, ils accordent à leur réputation une dimension stratégique pour faire face surtout à la rumeur ou au dénigrement. Qu’ils soient soumis aux suffrages de leurs concitoyens, aux aléas du tribunal de l’opinion, à la curiosité des médias, les personnages publics sont souvent plus soucieux du regard des autres que de leur propre comportement. Ils passent le plus clair de leur temps, à promouvoir et à défendre leur réputation, avec conviction souvent, avec talent parfois.

Pour les entreprises c’est désormais un impératif pour pouvoir attirer des hauts potentiels, leviers de création de valeurs et pour bâtir une image de marque de leurs produits ou services. Et les employeurs de la nouvelle économie, ceux de l’ère de la civilisation de l’attention soignent leur e-réputation avec le marketing afin de mieux attirer, mieux conserver et mieux fidéliser la génération y.

La gestion de la réputation sur internet est devenue une démarche inscrite dans la stratégie d’entreprise et est considérée comme un élément de l’identité de l’entreprise car la réputation (fondée sur des valeurs partagées) s’inscrit dans le temps et il n’y a pas de réputation sans histoire.
De même, les cadres se font « googueliser » par les recruteurs et l’inverse est également vrai. Désormais, avant même d’envoyer son cv, un des premiers réflexes d’un candidat est de taper le nom de l’entreprise convoitée sur Google. Cette démarche permet d’avoir plus d’information sur la réputation de l’entreprise ciblée mais aussi d’avoir une idée sur le climat social qui y règne à travers les blogs d’employés et de syndicats. Ceci montre qu’Internet est désormais le média qui a le plus d’influence sur certaines décisions avec ses “blogueurs influents“ qui y détiennent le pouvoir.

L’engouement médiatique pour la chose virale sur le net ainsi que l’avènement des concepts d’identité numérique et de e-réputation ont aussi participé à la vulgarisation des enjeux liés à la redistribution des pouvoirs entre entreprises et parties prenantes sur Internet et ont du coup booster un marché émergeant : celui de la gestion de la réputation et de l’identité numérique sur Internet .

Ce marché très prometteur en occident et émergeant dans les pays du sud, abordé par le prisme des « sciences de l’identité numérique » poussent les prestataires de services- entreprises ou consultants individuels- à proposer à leurs clients – particuliers ou entreprises – un service de veille et de « nettoyage » de traces numériques. Ceux sont généralement les « Nettoyeurs » numériques (service de veille et de « nettoyage » de traces numériques) et les « community manager » (responsable de communauté qui gère une plate-forme de blogs mise à disposition des salariés ou une page sur un social network comme facebook).

En définitive le phénomène de la cyber-réputation est aussi ancien que le Web. Mais l’Internet participatif, par lequel l’internaute peut produire des contenus, les partager et les commenter en temps réel, y a apporté une nouvelle dimension.

Aboubacar Sadikh ndiaye
Consultant/Chroniqueur


*Article paru dans le Magazine Nouvel Horizon